R³ – air / aire / ère

“J’ai bien été forcée de sauter, je sens l’air sur ma peau, mon corps est lourd. Je tombe, la chute est longue. J’ai ouvert la toile du parachute. L’air s’est engouffré et mon corps a été emporté, soulevé, bousculé. Maintenant, je vous regarde, sereine, cette toile est mon témoignage.”

Exposition de Floriane Desseigne et Mélanie Planche

J’ai ouvert la toile du parachute. L’air s’est engouffré et mon corps a été emporté, soulevé, bousculé.

Photographie, installation et dessin sur toile de parachute à l’encre de Chine, pierre noire et fusain, 2014

Exposition du parachute à Lyon dans le cadre d’octobre rose, 2014

L’histoire du corps, d’une femme touchée par un cancer, celui du sein, vous est contée par deux plasticiennes. La perte devient la raison d’une reconstruction. Une sublime fragilité en représentation.

Contexte

Une jeune femme touchée à 25 ans par un cancer du sein nous a fait la demande de réaliser une œuvre autour de son corps. Son envie, lui apporter une double vision artistique d’une histoire de seins, permettant que son corps soit vu comme beau, délicat, fragile mais aussi solide, brut et fort.
Enjeu
L’art est une approche abordable pour le public pour parler d’un sujet qui relève du médical : dévoiler son corps comme œuvre et non plus comme lieu d’examen, de tests, et de vérification.
Il s’agit d’une conquête du corps, d’un nouveau corps et de son acceptation.
En cela, nous voulons (re)transcrire la poésie du corps dans son entièreté, l’absence devient « le tout » qui permet d’en parler. Montrer sa féminité en affirmant cette poitrine, qui existe par sa différence. Son absence, devient la « sublime fragilité » de ce corps. La mettre en beauté pour parler de la différence, la sublimer devient le rôle du projet artistique en mettant en scène cette enveloppe corporelle pour évoquer la (re)connaissance du corps de la femme. Et ainsi affirmer que la perte ne se situe ni dans le genre ni dans la féminité.

L’œuvre

L’œuvre évoque le processus de (re)connaissance du corps après l’ablation du sein. Elle est une reconstruction symbolique du corps, avant la reconstruction physique.
Pour cela, nous proposons une installation, de la photographie et du dessin. Nous avons choisi un objet, qui sera au cœur de notre travail plastique : un parachute blanc. Il évoque à la fois le sein ; la chute mais aussi la reprise au vent, et l’atterrissage. Nous le recouvrons d’éléments graphiques qui rappellent le corps, sa poétique et son imaginaire interne.

Le titre

exprime un élan, un nouveau souffle (air). Il formule également la notion de territoire du corps, symbolique et physique (aire). Enfin il évoque ce processus, le temps de l’expérience (ère). R³ est un rapport entre, intérieur et extérieur, vide et plein, temps et suspension.