Bruissements

Paysages fragmentés

Vues de l’exposition Bruissements, 2025, médiathèque de La Ricamarie, Loire

L’exposition réunit des dessins sélectionnés principalement dans 3 séries où le trait noir domine, qu’il s’agisse de fusain ou d’encre appliquée sur des objets anciens. Le pastel vient entrer en résonnance avec les images réalisées au fusain, apportant des réverbérations lumineuses et colorées, rappelant également les couleurs des motifs sur les objets en céramique. L’ensemble explore la matière du paysage et la manière dont il se révèle à travers le regard : flou ou net, fragmenté, ancré dans le réel ou glissant vers l’abstraction.

À travers ces dessins, l’univers des sous-bois se dessine et apparaît comme un motif récurrent : entre nature et culture, imprégné d’une certaine iconographie visuelle et du sauvage. Ces paysages, qu’ils soient traversés par l’eau des lônes, éclairés artificiellement dans la nuit urbaine ou tracés sur la porcelaine, suggèrent une oscillation entre l’organique et l’artificiel.

C’est aussi un jeu, une exploration du visible qui flirte avec l’imaginaire : le regard interroge la nature, la façon dont nous la percevons, dont nous la filtrons et la transformons. Au sein des dessins, les éléments semblent sur le point d’apparaître ou de disparaître, offrant un temps qui s’étire, comme on perçoit le roulement des cailloux dans l’eau lorsqu’on tient un galet, ou lorsque l’on observe l’ondulation de l’eau lorsqu’elle est dérangée. Le regard du spectateur est invité à circuler librement, à se perdre dans ces espaces où la matière du dessin devient elle-même un territoire à arpenter, où l’ombre et la lumière construisent des récits inachevés.

À travers cela, c’est le regard lui-même qui est mis en jeu. Voir n’est pas un acte immédiat, mais une construction et une exploration. L’image se forme progressivement, strates après strates, c’est un espace de seuil : entre réalité et fiction. L’exposition se dessine alors comme un paysage intérieur, le regard est invité à se perdre vers un horizon symbolique, autant tourné en dehors de soi que vers soi. Ici, l’acte de dessiner, c’est mettre à distance ce que l’on pense proche et rapprocher le lointain pour mieux observer le monde et ce qu’il se passe en soi. Voir et être vu à travers le paysage devient alors une expérience, une manière d’interroger notre perception en dedans et dehors.