Creux chromatiques

Sillons colorés

Série Creux chromatiques, pastel sur papier, 36 x 48 cm, 2025

Reliefs colorés – de l’aube au crépuscule

Les dessins aux pastels que présente Mélanie Planche sont comme des sillons. Ici, la couleur s’est frayée un chemin pour émerger patiemment. La série de dessins « Creux chromatiques » est pareil à des résurgences du visible. Les teintes naissent de l’observation du vivant, elles sont apparues parallèlement à la pratique du dessin en noir et blanc, au fusain — comme au versos des images. Ces apparitions colorées se présentent comme venues de l’autre côté du dessin, du miroir tendu vers le monde. 

Ces images abritent le vert des mousses des sous-bois, celui des lichens et ses orangers, les textures de la terre, le mouvement de l’eau et ses reflets, les lumières entre les feuilles des arbres. A travers ces dessins, il y a la possibilité d’habiter la couleur et de faire apparaître une matière émotionnelle. Pour ce faire, le papier est poncé, éraflé, travaillé avec une urgence contenue.

 

Il s’agit, dans un rapport direct au corps, de mettre à l’épreuve le support sans pour autant le détruire. Le pigment des pastels évoque des surfaces soyeuses, poudreuses, terreuses, des lumières colorées, retenues, ou éclatantes, déployées, ou presque murmurées révèle un rapport haptique au monde. 

Et pourtant, ce que l’on voit demeure un flou persistant, une image qui se dérobe avec une mise au point infaisable. C’est un un rêve en creux, vertigineux, fouillé dans la matière même du visible. Avec la série des « Creux chromatiques », nous entrons sur le territoire même de l’image et de sa picturalité, c’est un terrain de jeu pour la couleur, une expérience du visible et de paysages impossibles, micro et macro à la fois. La couleur est ici réminiscence, ce qui subsiste quand tout semble s’effacer. Ces dessins évoquent le système d’apparition des images dans la matérialité du papier, ce sont des surfaces picturales sensibles, témoins d’une fragilité et d’une impermanence du vivant.